Triqueur

17 12 2007

guignol.jpgJe viens de recevoir le numéro deux d’un journal intitulé « Gare aux coups de triques » qui souhaite s’inscrire, dit-il, dans une tradition d’humour satirique et de raillerie qui serait particulière à Lyon. Pour cela les auteurs anonymes de ce bimensuel convoquent l’inévitable Guignol qui ne demandait rien à personne, le « parlé gone » et ce qu’il faut de lyonnaiseries, beaujolais compris, pour tenter de figurer « dans le contexte des municipales » (sic !).
Une fois dit qu’à chaque fois qu’un nouveau journal tentera sa chance, je ne serais bien entendu jamais le dernier à m’en féliciter, je voudrais tout de même signaler quelques uns des travers de ce journal écrit à l’ancienne par des gônes qui ne sont manifestement pas des perdreaux de l’année.
Leur communiqué de presse (non daté et non signé) n’y va pas par quatre chemins puisque après avoir venté « la liberté apolitique » de « Gare aux coups de triques » les rédacteurs nous disent, rien moins, que leur journal « se situe juste à côté du Canard Enchaîné ». Alors les gars, sans vouloir vous faire offense, laissez-moi vous dire que vous vous situez effectivement « à côté » du Canard, mais loin, très loin, de celui-ci.
Passons à l’apolitisme revendiqué. Ce terme dont les lecteurs de ce blog, tout comme moi, ont appris à se méfier tant il cache en général des inclinaisons particulièrement lestées, ne me paraît pas convenir à une publication dont l’aversion militante contre les grèves et les mouvements sociaux est avérée. Même remarque à l’égard de la vie politique, l’humour aviné de « Gare aux coups de triques » traitant Bayrou de « François Biroute », s’emprenant à Mitterrand et plaçant Sarkozy, au niveau de Chirac, mais bien au dessus de Ségolène Royal indiquent que l’apolitisme affiché est un leurre et une posture.
Ces rédacteurs, certains de leur humour et de leur apolitisme, s’intéressent avant tout à un petit monde dont la géographie est dessinée à partir du Beaujolais et de préoccupations qui concernent quelques côteries de l’édition locale et des arts plastiques.
Les deux principales cibles de cette étrange publication sont vous vous en doutez deux femmes car l’éditrice Corine Poirieux et la Vice-présidente du Grand Lyon Nadine Gelas font les frais de nos guignols anonymes qui n’hésiterons pas, dès le troisième numéro, à décliner, j’en suis sûr, leur identité et leur visage, façon de savoir si leur tronche mériterait de figurer dans un casting « d’halloween, la nuit des marques » au cas où John Carpenter envisagerait un troisième remake de ce chef d’œuvre incontournable de la série B.
« Gare aux coups de triques », 2 euros, en kiosques.
Lyon, le 17 décembre 2007.